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Marine-perruche

EAM, MAN, ou EPP ? Un choix éthique

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EAM, MAN, ou EPP ? Un choix éthique
Adopter un oiseau : élevé à la main, manipulé au nid, ou élevé par ses parents ?






Élevage à la main, manipulation au nid ou élevage par les parents ? Quelle méthode choisir, qu'est-il préférable de cautionner et que faut-il proscrire ? La question du bien-fondé de la pratique de l'élevage à la main revient systématiquement et pour cause : de nombreuses études et les expériences des propriétaires révèlent les effets délétères de cette pratique sur l'évolution future des oiseaux concernés. Cela a déjà été prouvé chez bien d'autres espèces, comme chez les chevaux, les chiens, les félins, les singes ou les fauves.

Le problème majeur est, quand l’élevage à la main n’est plus utilisé comme une pratique occasionnelle de sauvetage d’oisillons en danger (abandonnés par les parents), mais comme une pratique constante.

Aujourd’hui, les oisillons élevés à la main le sont parce que cela favorise leur familiarisation au contact humain grâce à l’empreinte. Ainsi, ces oiseaux sont très intéressants pour les acheteurs qui souhaitent des « oiseaux de compagnie », avec lesquels ils pourront avoir une relation, comme ils pourraient l’avoir avec un chien, un chat ou un NAC. Les éleveurs répondent à la demande et peuvent même vendre plus cher ces oiseaux et faire ainsi de meilleurs bénéfices.

Néanmoins, et quoi qu’en dise la législation, perruches comme perroquets, ils demeurent des animaux sauvages grégaires et instinctifs avec des besoins spécifiques. Ils ne peuvent pas se contenter de ce que les humains attendent d’eux et sont prêts à leur offrir. Ils ont besoin de bien plus. Plus d’espace, plus de liberté, plus d’enrichissement et de congénères.



L'élevage à la main avec empreinte est à proscrire

Nous le savons, de par les recherches scientifiques et nos propres expériences objectives, les oiseaux élevés à la main qui ont été isolés de leur fratrie et parents et n’ont eu de contacts qu’avec l’humain sont imprégnés à l'espèce humaine (sources : Laisser les perruches et perroquets être élevés par leurs parents, La thèse sur 105 gris EAM et les constats , La dyssocialisation primaire chez le perroquet , Le perroquet EAM et le trouble de l’imprégnation , Témoignages de perruches et perroquets EAM : les conséquences ). Ainsi, ils s'identifient à travers cette dernière, sur le plan filial puis sexuel. Par conséquent, les premiers problèmes de communication se développent entre les oiseaux et les humains. Les oiseaux imprégnés à l'humain recherchent des relations socio-affectives puis sexuelles avec lui. Ce dernier ne peut y répondre. Les besoins entre les humains et les oiseaux sont bien différents, c'est donc une source de frustration et de souffrance pour les oiseaux.

En outre, les oiseaux imprégnés à l'humain s'attendent à former un groupe social avec lui, à être naturellement compris et ils attendent de lui de pouvoir communiquer. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas, puisque humains et oiseaux n'ont pas les mêmes codes de communications et les mêmes facultés à comprendre les signes d'apaisement. C’est une seconde source de frustration.

En général, le cadre de vie dans lequel évoluent ces oiseaux devient anxiogène et la situation ne fait que s’aggraver. Il est donc nécessaire que ces oiseaux changent de contexte pour acquérir un environnement plus en adéquation avec leurs besoins : espace, possibilité de voler, présence constante de congénères de l’espèce, enrichissement de l’environnement et recherche alimentaire.

Le nourrissage à la main, en dehors des sauvetages occasionnels, ne doit donc jamais être pratiqué. Si des oisillons se trouvent en danger de mort, et que vous souhaitez les nourrir à la main, il est important de permettre à la fratrie de rester ensemble constamment, puisqu’ils pourront s’imprégner les uns sur les autres et ainsi limiter l’empreinte hétérospécifique et les séquelles liées à l’isolation. Quant aux acheteurs, ils ne doivent pas favoriser cette méthode, il est préférable d’acheter des oiseaux élevés par les parents. Pour les plus expérimentés, ayant des conditions optimales, il est possible d’adopter des oiseaux EAM de seconde main, auprès d’associations, pour leur offrir une seconde chance.


L'isolement de l'oisillon

A travers le nourrissage à la main, ce qui est le plus néfaste pour l'évolution de l'oisillon est son isolement. Isolé très tôt de ses parents et surtout de sa fratrie, parfois même élevé en couveuse dès l’œuf, il ne reçoit pas ou plus les stimuli sensoriels (tactiles, auditifs, visuels) appropriés. Il subit donc l'empreinte à l'humain, seule présence animée et seul contact tout au long de sa période d'élevage. La socialisation de l'oiseau est déficiente et va engendrer de graves problèmes de comportement : hyper-dépendance, hyper-anxiété, hyper-agressivité, troubles alimentaires, léthargie, absence de comportements exploratoires et bien d'autres. Sans parler du syndrome post-traumatique qui peut se développer et occasionner des problèmes de comportement et de gestion des émotions (seuil de tolérance très bas) suite au traumatisme des conditions du nourrissage à la main, dans l'ensemble de sa pratique.


   
La manipulation au nid n'est pas une alternative idéale

La manipulation au nid repose sur la sensibilisation de l'oisillon au contact humain alors qu'il est encore au nid. Le propriétaire prend soin de passer chaque jour quelques minutes à manipuler l’oisillon dans ses mains, afin qu’il se familiarise doucement à la présence humaine. Cette pratique a souvent été recommandée pour habituer l’oiseau à la présence humaine et ainsi l’apprivoiser plus facilement, en tant que méthode alternative pour remplacer l’EAM et ses méfaits.

Cependant, il s’avère que des manipulations précoces des oisillons au nid leur apportent des stimuli inadaptés pouvant avoir des conséquences psychologiques et cérébrales également délétères.

En outre, cela peut engendrer une double imprégnation (intraspécifique et hétérospécifique) qui est également néfaste pour le bon développement de l’oiseau, au même titre que l’imprégnation à l’humain avec l’élevage à la main. C’est pourquoi nous en déconseillerons la pratique, qui a d’ailleurs été étudiée sur trop peu d’années pour pouvoir s’avérer pertinente et sans danger. Vous devez attendre que l’oiseau soit sorti du nid de lui-même pour interagir avec lui sans préjudice potentiel. Auquel cas, nous pourrons plutôt parler de manipulation et d'apprivoisement à la sortie du nid. De plus, rien ne vous empêche, tant que l'oisillon est au nid, de parler doucement aux parents, ce qui permet aux oisillons de s'habituer à votre voix.

Enfin, la manipulation au nid des oisillons avec des parents farouches peut occasionner du picage et des blessures sur les oisillons ou encore, l’abandon ou même la mort.


Les parents reproducteurs

On entend souvent parler d’oisillons qui sont élevés à la main parce que les parents les ont abandonnés au nid, ou n’ont pas pu ou su les nourrir. Dans ce cas, il serait intéressant de se demander pourquoi nous laissons se reproduire des parents à risque. S’il s’avère qu’après les premières reproductions de ces parents qu’ils abandonnent leurs oisillons au nid ou les piquent ou les agressent, il est préférable de ne pas permettre à ces oiseaux d’avoir d’oisillons.

De plus, le marché étant déjà saturé d’oiseaux à la vente ou à l’abandon, EAM comme EPP, il n’est pas pertinent de faire reproduire, sans aucun contrôle, ses oiseaux. Le problème existe déjà chez les chiens et les chats et il en va de même pour nos oiseaux. La reproduction doit être contrôlée et limitée en captivité.

Les perruches et perroquets ont un besoin instinctif de reproduction et quand leurs comportements démontrent ce besoin, il est bien évidemment nécessaire de leur permettre d’y répondre, en leur proposant un environnement spacieux, riche, avec un nid et une alimentation adaptée à la reproduction. Ceci est envisageable sans oisillons. Une fois que les parents se reproduisent et que la femelle pond, il est possible d’ébouillanter les œufs (il n’y a pas encore d’embryon) et une fois refroidis de leur remettre dans le nid. Cela permettra à la femelle de couver et le couple passera par conséquent sa période hormonale. Une fois la période de fin de couvaison atteinte, vous retirez œufs et nid et vous enrichissez l’environnement pour attirer vos oiseaux à de nouvelles activités. Pour plus d’informations à ce sujet, consultez notre article : Pourquoi faites-vous de la reproduction, alors qu'il y a tant d'abandons ?


Des troubles du comportement chez les oiseaux élevés par les parents

Si certains oiseaux EPP se retrouvent avec les mêmes problèmes de comportement que des oiseaux EAM, cela ne signifie pas que les parents n’ont pas su élever leurs oisillons, mais bien que les stimulations précoces que les oisillons ont reçu par les humains ont été inadaptées à leurs besoins et bon développement. Ils perçoivent dès leur très jeune âge divers stimuli sensoriels de leur environnement. Les humains interviennent et interfèrent souvent trop tôt dans le nourrissage et l’élevage des oisillons, comme par exemple avec les oiseaux qui sont vendus non sevrés ou qui naissent et évoluent en couveuse, ou qui ont subi une émancipation précoce, en l’absence des parents et de la fratrie.


En conclusion, c’est le comportement des humains et le contexte qu’ils proposent aux oiseaux qui vont également influencer leur évolution et leur épanouissement futur. Certaines attitudes des humains envers les oiseaux (comme l’anthropomorphisme) peuvent être source d’angoisse et de mal-être chez ces derniers, tout comme un cadre de vie inadapté. C’est pourquoi nous insistons sur l’importance de répondre à leurs besoins : cela définit la qualité de vie des oiseaux et réduit les risques de problèmes de comportement.



L’éternel et bienfaisant élevage par les parents

Les oisillons doivent pouvoir être élevés par leurs parents et bénéficier de leurs soins jusqu’au sevrage alimentaire au minimum, voire jusqu’à leur émancipation, dans l’idéal. Ils bénéficient ainsi de leur apprentissage au nid, à travers les codes de communication propres à l’espèce et ils reçoivent les soins socio-affectifs adaptés à leurs besoins.

Puis, dès qu’ils sortiront du nid, ils pourront d’eux-mêmes s’intéresser aux humains du foyer et se familiariser rapidement à leur présence. Nul besoin d’élever un oisillon à la main pour l’apprivoiser aisément et pour pouvoir interagir avec lui.

Globalement, il n’y a pas d’autre méthode aussi efficace et bienfaisante pour les oiseaux que l’élevage par les parents. Par la suite, rien ne vous empêche de familiariser vos oiseaux à votre présence puis les apprivoiser dans le respect de leurs besoins. A ce sujet, consultez notre article : Apprivoisement chez la perruche et le perroquet : le renforcement positif




NB1 : n’oubliez que vous ne serez jamais le maitre de votre oiseau et tout ce que cela implique. Vous serez son propriétaire légal, mais jamais un « maitre ». Les oiseaux restent libres de par leurs instincts, quoi qu’en dise la législation, et ne répondront jamais à ce qui définit un « animal de compagnie ». Pour plus d’informations à ce sujet, consultez notre article  :
Pourquoi la notion de hiérarchie de dominance n'est-elle pas applicable pour les perruches et les perroquets

NB2 : l’empreinte ne se transmet pas des parents aux oisillons. Un oiseau imprégné à l’humain l’est à cause de ses expériences précoces inappropriées avec l’humain.



©️ Juillet 2013 - MARINE SCIE
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Merci à Christiane pour sa relecture Smile

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